Les barrières non tarifaires en Afrique : l'autre talon d'Achille du libre-échange
L’Afrique commerce avec elle-même à hauteur de 15% seulement (Afreximbank, 2018) ; ce système est de 70% dans l’Union européenne puis l’Amérique du nord avec les Etats-Unis, le Canada et le Mexique commercent entre eux à hauteur de 60%. Entre autres facteurs explicatifs de ce faible niveau d’échanges intra-africain, il y a les Barrières Non Tarifaires (BNT). Par BNT, il faut entendre selon l’OMC, tous les obstacles mis à l’entrée de marchandises étrangères dans un pays, en dehors des droits de douane. Les BNT excluent donc toutes les contraintes financières, mais résultent de décisions politiques, avec l’application de mesures commerciales destinées à limiter les importations et les exportations. Lancé en juillet 2018 par l’Union africaine, la Zone de libre-échange continental pour l’Afrique (ZLECAf) constituerait une voie vers une croissance plus rapide et plus durable ; mais les BNT peuvent constituer un obstacle (FMI, 2019) : le surcoût des BNT sur le commerce intra-africain serait de l’ordre de 300%. Par ailleurs, des facteurs non tarifaires comme l’infrastructure et la logistique du commerce nuiraient à l’efficacité des mesures tarifaires conçues pour promouvoir le commerce en Afrique ; elles réduiraient en conséquence l’impact de la zone de libre-échange. Dans cette étude, nous réexaminons les logiques dominantes et persistantes des barrières non tarifaires en Afrique dans une double perspective : historico-économique et sociologique. Elles se forment et s’entretiennent au gré des conjonctures auxquelles font face les décideurs au niveau national, entravant les efforts d’intégration et de structure du commerce au niveau régional et africain.