Effets des TIC sur la création nette d’emplois : le cas empirique des pays de l’UEMOA

- 8 April 2020

Trade topics: Information and Communication Technologies, WAEMU

Considérées comme une variable exogène assimilable à une manne tombée du ciel (Schumpeter, 1913), les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont devenues progressivement indispensables dans le système de production (Baldwin et al., 2003 ; Kossaï et al., 2010 ; Heckel, 2006 ; Cette et al., 2004 ; Cariolle et al., 2019 ; Acemoglu et Restrepo, 2019b). Leur adoption et leur diffusion connaissent une progression très importante ces dernières années. En 2018 par exemple, en dehors du taux d’abonnés à la téléphonie fixe qui tourne au ralenti (environ 12,4 %), le taux des abonnements à la téléphonie mobile et à Internet au plan mondial s’établit respectivement à 107,0 % et 57,8 % (IUT, 2019). Ces statistiques connaîtront dans les années à venir une hausse sans précédent à cause de la forte sollicitation de ces technologies dans la résolution de la crise sanitaire mondiale due au coronavirus et surtout à cause du fait que le monde entier est davantage convaincu de leur importance dans le vécu quotidien. En effet, depuis le début de cette pandémie, une grande proportion des activités quotidiennes se fait par les canaux numériques (télévisions, téléphones, ordinateur… avec une forte demande d’accès à Internet). Ainsi, les opérations d’achat et de vente en ligne; les cours, les réunions et séminaires en ligne (les webinaires ou visioconférences) ont fortement grimpé. Cette situation impose davantage les TIC dans le processus de production, de distribution et même de consommation (IUT, 2020).
 
Cependant, l’adoption et l’usage des TIC posent des problèmes persistants de capital humain, de l’existence d’infrastructures de télécommunication et des problèmes de régulation des marchés de télécommunication (Akue-Kpakpo, 2013). La relation entre TIC et capital humain a particulièrement attiré notre attention à cause du fait que les pays de l’UEMOA adoptent massivement ces technologies sans disposer au préalable d’une main-d’œuvre hautement qualifiée dans le secteur du numérique, alors que les études ont montré que l’adoption des TIC exige un haut niveau de qualification professionnelle. Le présent chapitre recherche donc les effets des TIC sur l’emploi. Il poursuit deux intérêts. Premièrement, il prolonge les débats soulevés par le paradoxe de productivité de Solow en montrant les effets du progrès technique sur le facteur travail. Deuxièmement, il expérimente les inquiétudes soulevées par le mécanisme du capital deepening1 et celui de l’effet « création/destruction » dans le cas spécifique des pays de l’UEMOA.